Le slowfeeding peut aider à mieux gérer la nourriture en hiver
Dans son habitat naturel, un cheval consacre près de 16 heures par jour à… manger. Des études ont démontré que des périodes de jeûne dépassant 4 heures peuvent avoir des répercussions sur son système digestif. Cependant, offrir un accès illimité à la nourriture n’est pas sans risque non plus: combien de chevaux ne deviendraient pas obèses en quelques semaines? Pour répondre à cette problématique, le concept de « slowfeeding » s’est développé. Il propose des méthodes permettant au cheval de s’alimenter plus longtemps tout en consommant la même quantité de nourriture. En ralentissant l’ingestion, son système digestif est mieux préservé.
Le Haras National a d’ailleurs mené une étude approfondie sur le sujet, en examinant les enjeux spécifiques liés à cette approche. Parmi eux: l’usure des dents et des vibrisses due à l’utilisation fréquente de filets à foin, les réactions comportementales du cheval face à une régulation de l’accès à la nourriture, ainsi que les interactions sociales au sein du troupeau. Pour en savoir plus, l’étude complète est disponible ici.

Mettre en place des solutions pour prolonger le temps d’alimentation de son cheval est souvent plus simple qu’il n’y paraît. Voici quatre astuces pratiques, idéales pour les périodes particulièrement pauvres en ressources, comme l’hiver. N’oubliez pas: ce sont justement les jours les plus froids que votre cheval a besoin de plus d’énergie pour se réchauffer… en mangeant!
1. Au box: nourrir avec des filets
Plutôt que de déposer le foin en vrac dans le box, pourquoi ne pas opter pour un filet à foin? Ces filets se déclinent en de nombreux modèles pour s’adapter aux besoins de chaque cheval. De manière générale, plus les mailles sont petites, plus l’ingestion sera ralentie. Vous pouvez ainsi choisir un filet à grosses mailles pour allonger légèrement le temps de repas, ou opter pour des mailles très fines si votre cheval doit manger beaucoup plus lentement. Cependant, attention: un filet à très petites mailles limite fortement l’accès au foin, ce qui peut être frustrant pour certains chevaux.
Il est essentiel de fixer le filet près du sol pour respecter la posture naturelle du cheval lorsqu’il mange à terre, car manger la tête relevée peut nuire à sa santé. Pensez également qu’un filet peut présenter un risque d’accrochage avec les fers, si le cheval gratte dessus. Pour éviter cela, privilégiez les modèles fabriqués dans des matériaux épais et robustes.

L’astuce: Disposer plusieurs filets à foin dans le box est une solution efficace pour prolonger davantage le temps d’alimentation de votre cheval. En se déplaçant d’un filet à l’autre, il mettra plus de temps à consommer sa ration qu’avec un seul point d’accès.
2. Au box: Nourrir plus souvent
Pour ceux qui peuvent s’organiser pour passer plus de temps aux écuries, ou ceux qui y sont déjà régulièrement: diviser les deux ou trois repas quotidiens en 4, 5 voire 6 portions réparties sur la journée. Il n’est pas nécessaire d’augmenter la quantité de foin, mais en fractionnant les repas, le cheval pourra manger tout au long de la journée sans que ses rations ne soient modifiées.
L’astuce: Cette méthode est particulièrement adaptée lors de journées grises, où les chevaux passent plus de temps à l’intérieur. Lorsque les chevaux sont confinés en box, notamment en raison de mauvaises conditions météorologiques, ils ne peuvent pas toujours sortir ou y restent moins longtemps. Cette organisation leur permet de rythmer leur journée avec des repas réguliers, ce qui les occupe et les stimule davantage.
3. Au parc: Compenser l’herbe en hiver
En dehors de l’hiver, les chevaux passent beaucoup de temps au parc à broutiller l’herbe. Cependant, en hiver, les parcs deviennent souvent boueux et l’herbe cesse de pousser. Le problème est que le temps que les chevaux passaient à se nourrir de l’herbe pendant le reste de l’année n’est plus disponible. Si un cheval reste toute la journée dehors, il risque de passer plus de 4 heures sans manger. Installer une source de foin dans un coin du parc peut compenser l’absence d’herbe. Cela peut être du foin transporté en brouette depuis l’écurie, ou des briquettes spécialement conçues à cet effet. Toutefois, ces briquettes sont rapidement consommées, notamment par les chevaux gloutons, et leur repas dure alors à peine une demi-heure.

L’astuce: L’idéal serait d’avoir une source de nourriture disponible en permanence pendant l’hiver (et pourquoi pas toute l’année, dès que l’herbe devient moins abondante). Un râtelier équipé de foin dans un filet à petites mailles est une bonne option. D’autres types de « slowfeeders » existent, tels que des bacs avec une grille ou des couvercles en plastique perforés. Vous l’aurez compris: plus le cheval peut grignoter tout au long de la journée, mieux son système digestif se portera.
4. Au parc: Couper son parc en zones
Pour conserver de l’herbe à brouter en dehors de la saison hivernale, une bonne solution est de fractionner les parcs. L’idée est de maintenir une zone fermée où l’herbe peut pousser tranquillement. Pas besoin de grandes surfaces, de petits coins suffisent. En général, l’herbe pousse en 2 à 3 semaines, puis le cheval peut y accéder pour se nourrir tout au long de la journée. Lorsqu’une zone est ouverte, une autre est fermée. Ce système permet de maintenir un bon roulement tout au long de l’année, en offrant régulièrement de petites zones attractives où les chevaux peuvent brouter. Il n’est pas nécessaire que l’herbe soit haute et dense (bien que cela reste idéal si possible), une fine couche d’herbe suffit.
L’astuce: L’herbe rase est plus riche en sucres. Pour les chevaux sensibles, il est préférable d’attendre une à deux semaines de plus avant d’ouvrir la zone, afin de limiter cette concentration en sucres.
